Départ vers le Nord

Les premiers milles de voyage vers le Nord depuis Arzal vers les iles Scilly

Nous avons eu de nombreuses visites avant notre départ. Muriel et Jean-Luc étaient sur place pendant nos derniers préparatifs, à préparer leur bateau pour leur croisière estivale. Josette est venue passer une journée avec nous depuis Port-Louis. Hélène et Pierre nous ont rendu une visite bien sympathique. Ma cousine Brigitte a passé une journée et une nuit à bord également. Nous avons passé l’avant dernière soirée chez nos cousins à Pénestin. Et finalement Isabelle et Henri nous ont accompagnés pour passer l’écluse d’Arzal la veille au soir de notre départ. Lundi après-midi nous avons accueilli à bord notre équipier de choc, Daniel qui va nous accompagner pour cette progression vers le Nord.

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C’est le cœur plein de ces marques d’amitiés que nous larguons les amarres le mardi 17 mai à 6h20 du matin. Il fait jour mais la pleine lune n’est pas encore couchée et nous accompagne pour la descente de La Vilaine. Il fait un temps superbe pour cette première journée de navigation. Les meilleures conditions pour s’amariner ! Le vent nous fait un peu défaut et nous devons avancer au moteur car il faut passer le chenal de la Teignouse, qui permet de sortir de la baie de Quiberon, avec le courant. Ce sont de forts coefficients de marée et nous ne pouvons pas le négliger. Une fois passé le chenal nous envoyons le gennaker et finissons notre journée tranquillement, accompagnés de la grande houle de l’Atlantique, pour arriver à Port-Louis en fin d’après-midi. Nous ne ferons pas long feu ce soir là (et les suivants non plus !) fatigués par cette première journée de vent du large.

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La seconde journée pour atteindre Lesconil se passe à peu près dans les mêmes conditions, bercés par la longue houle qui brise sur les rochers en sortant de la rade de Lorient.

Nous avons droit à un contrôle de la douane en mer. Le navire des douanes nous appelle à la VHF, nous annonce leur visite. Je réduis les gaz car nous étions au moteur. Le navire manœuvre et stoppe en avant de nous. Ils mettent un zodiac à l’eau. Trois douaniers nous rejoignent et montent à bord. Ils contrôlent les papiers du bateau, nos passeports, notre licence radio, nous demandent si nous avons des armes de la drogue et des cigarettes, ouvrent trois équipets, posent quelques questions sur la sécurité, remplissent un procès-verbal et repartent. Pendant le contrôle nous discutons de choses et d’autres dans une ambiance cordiale… mais pas forcément innocente ! Cela rompt un peu la monotonie de la traversée (chouette, j’aurai quelque chose à raconter dans le Blog !).

La traversée se poursuit tranquillement sous gennaker. Nous apprécions toujours autant l’escale à Lesconil, un charmant port de pêche qui accueille chaleureusement quelques bateaux de plaisance. Escale d’autant plus agréable qu’elle s’accompagne souvent de bonne compagnie. Cette fois, nous prenons un verre avec Linda et Marina : la filleule de Daniel et sa compagne.

Le 19 mai nous partons après le petit déjeuner assez matinal, pour passer le raz de Sein. Une traversée agrémentée par un troupeau de dauphin qui jouent un bon moment avec l’étrave du bateau et nous permettent de faire de belle photos.

Malgré les conditions météo bien favorables, le raz est bien agité ! mais l’équipage est au top, stimulé par cette belle journée de soleil.

Philippe peaufine encore les réglages de la tablette sur laquelle il a ajouté un petit émetteur Wi-Fi pour envoyer les informations de l’AIS et donc y afficher les navires que nous rencontrons.

Nous nous amarrons à Camaret où de nombreuses places sont occupées par des plaisanciers venant du Nord : Danois, Anglais, Néerlandais, qui viennent chercher la chaleur alors que nous montons vers le Nord. Mais il fait encore bon malgré l’air frais au large ; nous ne ressentons pas encore d’impression de froid… à suivre !

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Le 20 mai nous larguons les amarres vers 13h30 direction le Nord, il faut profiter du courant pour passer la Pointe St Mathieux. Une fois doublée la bouée Basse Saint Pierre, cap au 325 pour une vingtaine d’heures. Un sympathique vent de travers nous propulse à 6-7 nœuds, puis mollit et tourne un peu plus Ouest. Il fait bon au soleil, mais dès qu’il se cache nous ressentons la fraîcheur et les vestes de quart ainsi que les sous-vêtements chauds sont de sortie pour cette première nuit en mer.

Nous organisons des quarts de 2 heures afin d’être au top pour surveiller les cargos du rail de la sortie de la Manche.

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Nous arrivons après 24 heures de mer à Saint-Mary's au îles Scilly. Les premières heures se passent au gonflage de l’annexe et aux formalités de douanes. Et oui, le Brexit ! Nous devons passer deux coups de fils : l’un à la douane ; l’autre à l’immigration ; et faisons nos déclarations d’entrée au Royaume Uni par téléphone avant d’obtenir l’autorisation de retirer le pavillon Q. Cela n’empêche que nous avons la visite du zodiac rapide des « Border Control Patrol », le lendemain matin. Ils sont bien sympathiques malgré leurs allures patibulaires. Et ils nous souhaitent bon voyage après s’être assurés que nous avons bien fait les formalités. Il aurait surement été plus simple d’avoir rempli et envoyé par mail avant de partir le fameux formulaire C1331 … Mais je ne pense pas que cela nous aurait épargné les coups de téléphone, peut-être aurions nous moins galéré à comprendre les questions qu’ils nous posaient et Philippe aurait moins exercé sont alphabet international pour épeler toutes les informations ? A priori nous n’aurons plus qu’à téléphoner une nouvelle fois lorsque nous quitterons le Royaume Uni.

Et bonne nouvelle, il nous est épargné de chercher une carte sim data pour communiquer. Il semble en effet que les compagnies téléphoniques aient trouvé des accords malgré le Brexit : nos abonnements nous permettent de communiquer comme n’importe où en Europe, sans surtaxe particulière.

Nous passons une journée à Saint-Mary à redécouvrir cette île que nous avions plusieurs fois visitée, il y a environ 25 ans. C’est le printemps, tous les jardins sont fleuris, la végétation est luxuriante sur ces îles épargnées des frimas. Il fait beau et un peu frais et c’est l’occasion d‘un premier bain de mer : 15 °C dans l’eau c’est frisquet, mais il faut s’habituer vu les destinations vers lesquelles nous allons ! L’ambiance n’a pas changé depuis toutes ces années. Au bord des chemins, des étals avec des productions locales à vendre et une petite boite pour collecter l’argent ; pas de voleur ici ! Cela va des coquillages peints par des enfants aux articles plus élaborés. Ces îles au climat un peu rudes sont épargnées du tourisme de masse. Une bière au pub en arrivant et on retrouve le dépaysement typique des îles britanniques !

Elles offrent de magnifiques plages de sable blanc et un atoll magnifique, digne des iles tropicales… mais il manque 10 degrés dans l’air et dans l’eau et les dépressions atlantiques peuvent rendre la destination un peu aléatoire. La forme de certains arbres témoigne de la violence des tempêtes hivernales.

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Le lendemain il fait très humide et il pleut. Jusqu’alors malgré la température fraiche le matin, il faisait rapidement jusqu’à 19-20 degré dans le bateau et nous ne souffrions pas du tout du froid. Mais là nous nous décidons à mettre le chauffage en route. Une douce chaleur règne vite dans le bateau et cela me rassure pour les jours futurs… Ce n’est que le début ! Une éclaircie dès la fin de la matinée nous permet d’aller prendre un mouillage entre Tresco et Bryher. Nous débarquons après le déjeuner pour aller visiter le magnifique jardin botanique de Tresco. Créé au 19ème siècle par un aristocrate britannique, qui a pu, grâce au climat très tempéré de ces îles, y importer des espèces subtropicales. Le jardin n’a fait que prospérer et on imagine bien la quantité de jardiniers qu'il faut pour l'entretenir. Des oiseaux de toutes sortes y vivent en toute quiétude, ils ne sont pas du tout farouches.

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Pays de Galles - Ile de Man

Une découverte une peu rapide du Pays de Galles et une remontée vers le Nord malgré le vent contraire...


Le 24 mai nous décidons d’avancer un peu notre départ des îles Scilly afin d’arriver avant un passage un peu venté qui s’annonce sur la mer d’Irlande. Nous parcourons rapidement les 120 milles qui nous séparent de Milford Haven. Le vent et la météo sont cléments. Le vent tourne progressivement devenant de plus en plus portant. Le soleil nous accompagne, mais le vent est très froid et il faut rester à l’abri de la capote pour supporter le froid. Dans la soirée nous prenons un ris et envoyons la trinquette car le vent fraîchit ; le bateau avance bien, l’allure est confortable. Les sous-vêtements techniques bien chauds sont de rigueur pendant les quarts de nuit. Le chauffage fonctionne par intermittence à l’intérieur pour maintenir une certaine douceur.

Vers 4 heures du matin nous arrivons à proximité du chenal de Milford Haven et je tire Philippe de sa couchette car un appel VHF d’un cargo qui manœuvre pour prendre le chenal, nous demande d’obliquer vers l’Est pour lui laisser le champ libre. Il faut empanner en catastrophe, manœuvre délicate d’autant plus que le vent annoncé arrive et les rafales atteignent maintenant 30 nœuds. Nous faisons notre entrée vers 5 heures du matin au lever du jour dans la rade de Milford, trempés car il s’est mis à pleuvoir. Nous mouillons l’ancre dans Angle Bay bien à l’abri. Nous nous réchauffons et nous reposons de notre nuit en mer en attendant de rentrer dans le port intérieur qui abrite la marina. Le flot y est maintenu par une écluse qui manœuvre toutes les heures sur demande mais les deux portes sont ouvertes autour de la pleine mer. Nous entrons donc au « Free flow » dans la marina de Milford Haven vers midi le 25 mai.

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La rade de Milford Haven voit un trafic incessant principalement de gaziers, pétroliers, et autres méthaniers qui viennent décharger leur cargaison à ce terminal pétrolier. Les pilotes n’arrêtent pas les allées et venues pour guider les navires. Le port intérieur abrite une marina, et des quais pour quelques petits cargos et bateaux de pêche. La ville est plutôt triste, elle a des allures de cité ouvrière typique du pays de Galles. Nous y passons tout de même une journée pour laisser passer le petit coup de vent et nous reposer de notre traversée. C’est l’occasion de ravitaillement et lessives, la marina étant bien équipée et proche d’un supermarché. Depuis notre arrivée au Royaume Uni, nous sommes étonnés par les prix faibles de la nourriture. Dans nos souvenirs la vie y était très chère : un effet du Brexit, une augmentation relativement importante du cout de la vie en France depuis le passage à l’Euro ? Les seuls bars accueillants se trouvent sur le port et c’est l’occasion de nos premiers « fish and chips ».

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Les trois jours qui suivent nous faisons trois étapes vers le Nord avec un vent dans le nez donc appuyés au moteur, voire complètement au moteur. Nous devons nous lever tôt pour pouvoir bénéficier du courant portant non négligeable dans ce canal Saint Georges. Les passages entre les iles ou les passages de cap sont souvent agités, si ce ne sont pas de vraies bouilloires, dignes de nos raz dans la Manche. Nous empruntons Jack Sound puis Ramsey Sound, passages entre la terre et les iles du même nom, pour aller mouiller à Fishguard un abri au Nord de la péninsule Pembrokeshire. Le lendemain, nous traversons Carnigan Bay pour aller mouiller dans la baie d’Aberdaron d’où nous partons au lever du jour pour emprunter Barsdey Sound et arriver le soir à Holy Head marina après avoir lutté deux heures contre le courant pour faire les cinq derniers milles. La côte est très belle, verte, découpée, rocheuse, digne de paysages irlandais.

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A Holy Head, au lieu de la marina que nous croyions trouver, il ne reste qu’un malheureux ponton en béton. Le reste a été emporté par la tempête « Emma » en 2019. Nous avons le temps de nous promener un peu dans la ville tout de même un peu plus gaie que Milford. C’est dimanche les habitants sont de sortie pour un balade au soleil ou des sorties en Jet ski et se retrouvent au pub. Nous les trouvons bien peu couverts, car malgré le soleil le fond de l’air est vraiment frais.


Le 30 mai, le départ pour l’île de Man est agité. Nous devons encore batailler avec ce foutu courant traversier en sortant du port et il nous faudra trois heures, à nous faire secouer, pour en sortir, enfin envoyer les voiles et mettre le cap sur Douglas. La fin de traversée se fait dans une atmosphère très froide et humide mais la navigation est agréable. Nous nous amarrons au ponton d’attente car l’ouverture de la porte et du pont qui permettent d‘entrer dans la marina n’est que ce soir. Le capitaine du port bien sympathique, nous explique que le port est saturé car c’est le Tourist Trophy, mais nous alloue une place dans un coin le long du quai.

Le Tourist Trophy, course de moto open qui a lieu tous les ans sur l’île de Man amène de nombreux touristes. Des vrombissements de motos s‘entendent quasiment en continu. Il y a des motos et des motards partout. Les rues piétonnes de Douglas sont animées, de nombreux magasin proposent des articles en relation avec la moto. Nous retrouvons avec plaisir, après les rues désertes des villes du Pays de Galles, une ambiance légère de ville touristique. L’architecture est variée : des maisons en ardoise ou en briques sombres mais typiques, des maisons à colombage ou même du style art déco. Une belle plage bordée d’hôtels a des allures de Riviera à l’anglaise. A l’entrée du port, un petit fort a été érigé sur un plateau rocheux pour le mettre en évidence et rendre hommage aux nombreuses victimes qu’il a fait, de nombreux navires s’y étant fracassés. Saviez vous que les Bee Gees étaient originaires de l’Île de Man ?

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Le lendemain nous partons découvrir le sud de l’île par le petit train touristique à vapeur. De jolie locomotives rutilantes mènent une série de wagons à compartiments capitonnés. Une balade dépaysante jusqu’à Port Erin, un joli mouillage devant une belle plage. On y découvre une mine de cuivre désaffectée signe d’une activité industrielle ancienne. L’intérieur de l’île est très rural avec des élevages de vaches et de moutons, des paysages de bocage très vert. Au retour le train stoppe soudain et nous voyons le conducteur courir le long du train pour aller éteindre à l’aide sa pelle, un incendie qui a pris sur la voie. Un petit intermède qui nous distraie !

Je vous livre quelques images amusantes récoltées au cours de nos balades : le jubilé de platine de la reine fait naître des décos rigolotes sur les boites à lettres, une évocation de la ville de naissance de Philippe par un transfuge français, des messages sur les poubelles, des clins d’œil à nos petites filles, une évocation d’Harry Potter à la « railway station » …