L'Allemagne

De la baie de Kiel aux iles de la Frise allemande en passant par le Nord Ostsee Kanal



Le vendredi 12 août Free Vikings est sorti de l’eau pour remplacer l’arbre d’hélice tordu et nous débarquons pour le week-end. Comme nous ne pouvons pas faire avancer notre problème, nous décidons de faire un peu de tourisme. Après plus d’une heure de transport, un changement de bus nous arrivons à notre hôtel dans la grande banlieue de Kiel. Cet hôtel est probablement un lieu utilisé pour des séminaires en tout genre, il est très éloigné du centre-ville un peu touristique. Nous trouvons heureusement un sympathique restaurant ouvert tout près et nous pouvons diner sous la fraicheur des arbres en cette chaude soirée d’été. Nous prenons le bus pour nous rendre au centre-ville animé de Kiel.

Toute la vie de la ville se regroupe autour du port : terminal de ferrys, de bateaux de croisière et lieu de passage des cargos qui empruntent le NOK (Nord-Ostsee-Kanal ou Canal de Kiel). La couleur rouge domine dans cette ville toute de briques. Nous déambulons entre les nombreux espaces verts et les larges avenues, les rues piétonnes où les habitants font leur shoping en ce samedi. La foule se presse au terminal des ferrys qui desservent les diverses localités de la rade de Kiel. Un petit pont piéton enjambe le port pour relier la rive droite où on trouve une jolie darse abritant de vieux gréements.

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Le dimanche nous partons à la recherche d’une station de location de vélo, mais impossible de faire fonctionner l’application ! Nous repartons donc en bus et à pied vers le canal et ses premières écluses. Nous arrivons vers midi un peu fatigués par la chaleur et les nombreux kilomètres parcourus et là, au moment de s’installer tranquillement au restaurant au bord de l’eau, autre tuile ! Philippe se rend compte qu’il a perdu sa pochette avec ses papiers, carte de crédit etc… Retour à l’hôtel en bus pour moi, à pied pour Philippe pour refaire le même chemin en sens inverse ! La soirée est morose, d’autant plus que notre petit restaurant est fermé ce soir !

Le lendemain il faut faire toutes les démarches au poste de police proche de l'hotel, avant de retrouver Free Vikings. Le démontage de l’arbre se révèle plus ardu que prévu, tout est évidement bien soudé après plusieurs années dans l’eau et l’arbre ne se sort que de l’intérieur, il faut donc soulever le moteur au palan à chaine ! Une journée encore chaude et laborieuse et toujours dans l’attente ! Vous connaissez ma patience !

Heureusement l’équipe du chantier nous aide bien, ils nous trouvent une chambre pour les deux prochaines nuits à Laboe dans un charmant hôtel près de la plage, d’où nous admirons de beaux couchers de soleil. Nous louons des vélos à un couple de personnes âgées qui ont installé un hangar dans leur jardin et louent aux vacanciers. Ils sont charmants, nous correspondons par gestes et grâce à Google traduction car ils parlent très peu anglais et nos notions d’allemand sont bien lointaines, mais c’est sympa !

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Le mardi la situation se débloque un peu, le poste de police nous appelle, la pochette a été retrouvée et l’arbre d’hélice est extrait et commandé. Philippe fignole les préparatifs pour le remontage et nous pouvons les deux jours suivants, jouer un peu aux vacanciers. Balades en vélo, baignades dans la « Kiel bucht » ou baie de Kiel, soit l’extrémité Ouest de la Baltique. L’eau est bonne, il fait chaud et comme il n’y a pas de fond, ça chauffe vite. Dirk obtient l’aval de son patron pour que nous restions à bord, c’est certes moins confortable qu’à l’hôtel mais nettement plus pratique… et économique. Ces deux jours d’attente nous paraissent tout de même long ! Laboe est une agréable station balnéaire, mais on en a vite fait le tour. Une belle plage longe le front de mer, avec les typiques petites cahutes en osier pour s’abriter du vent, mais elle est payante. Nous essayons tous les restaurants de la station, poissons frits, harengs à toutes les sauces, et heureusement un restaurant italien.

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Le vendredi l’arbre d’hélice est enfin livré, les ouvriers du chantier nous font les rectifications nécessaire (mise à la longueur etc…) juste avant la fermeture hebdomadaire, et Philippe s’attaque au remontage. Il a tout le weekend pour fignoler son alignement. Le lundi nous sommes remis à l’eau de bonne heure le matin et… tout tourne rond ! Nous avons la matinée pour remonter les pataras (les étais qui tiennent la mât à l’arrière) qui avaient dû être défaits pour le grutage, régler notre facture, remercier l‘équipe du chantier et enfin larguer les amarres ? Ouf !


Nous récupérons nos amis Isabelle et Henri à Holtenhau, le quartier de Kiel qui se trouve au niveau des écluses du canal. Il s’y trouve un ponton d’attente pour le NOK sous les arbres. On peut et on doit y payer le droit de passage pour le canal à une caisse automatique. Montant bien modique (18 euros pour un bateau de 12 m).

Nous échangeons des informations sur le fonctionnement des écluses avec nos voisins de pontons ; apparemment il faut être sur le qui-vive dès 7 heures du matin. Et effectivement à 7 h15 nous voyons les bateaux quitter le ponton pour se présenter à l’entrée de l’écluse. Branlebas de combat sur le Free Vikings ! Nous les rejoignons vite fait ! Une fois un cargo entré et amarré dans le sas, les embarcations de plaisance sont invitées à se présenter et tous les bateaux très disciplinés (nous sommes en Allemagne !) se rangent les uns derrières les autres aux pontons flottants prévus à cet effet dans le bassin de l’écluse. La différence de niveau est minime ; et nous voilà partis pour les 57 milles de navigation fluviale. Le paysage champêtre nous ravit, nous nous attendions à un site plus industriel. Nous nous relayons à la barre, il faut rester bien à droite pour laisser passer les énormes cargos et portes containers qui nous croisent ou nous doublent et faire attention aux nombreux bacs qui traversent le canal, mais ils sont plutôt cools, ils nous laissent souvent passer.

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Nous nous arrêtons pour le soir dans une des quelques haltes prévues pour les plaisanciers au km 21 (la distance est mesurée depuis Brunsbüttel). Nous nous amarrons entre les piquets dans la petite anse où une plage est aménagée pour un camping, nous nous baignons dans une eau un peu limoneuse mais claire et bonne. Nous passons une belle soirée dans un cadre bien bucolique. Dans la soirée nous assistons à un drôle de ballet de cargos qui s’arrêtent, repartent, se croisent ; il y a affluence sur le canal ! S’arrête-t-ils sur les rangées de duc d’Albe placés par endroits pour désengorger les écluses ? Le trafic ne s’arrête pas la nuit sur ce canal.

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Le lendemain notre départ est moins matinal, nous avons le temps, il nous reste 12 milles à parcourir, une écluse à passer et nous ne devons pas nous présenter dans l’embouchure de l’Elbe à Brunsbüttel avant midi, heure de début du courant avalant. Le courant est très fort dans les deltas et il vaut mieux l’avoir avec soi. L’éclusage de sortie se passe sans problème, nous n’attendons qu’un quart d’heure qu’on nous invite à entrer dans le sas. Nous voici de retour dans un vraie mer avec des marées des courants et des vagues ! Nous arrivons dans l’après-midi à Cuxhaven.


Cuxhaven est une petite station balnéaire allemande à l’embouchure de l’Elbe avec un plage qui n'en finit pas et se transforme en vasière à marée basse, à la grande joie des petits garçons qui se roulent dans la boue. Tant pis, la baignade espérée se transforme en marche dans la vase ! Les cahutes en osier ravissent Isabelle qui en mettrait bien une dans sa valise !

Nous repartons dès le lendemain. Nos amis ont pris leur billet d‘avion de retour depuis Amsterdam et il ne faut pas trainer en route si nous voulons y arriver. Une belle navigation au portant tantôt sous gennaker, tantôt voiles en ciseaux nous amène à Norderney une des îles de la Frise allemande. Nous y retrouvons Colette et Rémi sur le Strana, des voisins du pays de Gex qui naviguent sur un bateau en aluminium construit par leurs soins. Nous passons une agréable soirée avec eux. Merci les Gessiens d’avoir faits 70 milles en tirant des bords pour cette soirée !

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Le 26 août nous voilà repartis vers l’ouest, mais la météo jusqu’alors assez favorable et qui faisait espérer de bien avancer, s’est un peu modifiée. Le vent n’est plus Nord-Est mais Nord-Nord-Ouest et il forcit un peu. Nous nous retrouvons donc au près bon plein, avec des rafales à plus de 20 nœuds, dans une mer qui nous secoue un peu, et qui a raison des estomacs d’Isabelle et Philippe. Nous décidons donc de nous arrêter à Borkum la dernière des iles de la Frise allemande. Les ports se trouvent sur la rive Sud de ces îles à l’abri de la mer, et il faut rentrer dans les bras de mer qui les séparent, dans lequel il y a de forts courants de marée.

Les horaires de marée ne nous sont pas favorables, nous devons à chaque entrée ou sortie lutter contre le courant et c’est un peu pénible ! Ces iles allemandes ne sont pas très jolies. Certes se sont de belles plages de sable avec des dunes à pertes de vue, mais gâchées par des constructions très laides, des hôtels sans styles, des constructions bizarres, des phares marrons, des champs d’éoliennes. Borkum remporte le prix du port le plus laid que nous ayons vus ces derniers temps. C’est dommage une partie de l’île est une réserve naturelle abritant entre autres espèces, des phoques. Effectivement nous apercevons quelques fois des têtes noires dans l’eau.

La météo ne s’arrange pas le lendemain vendredi, nous décidons donc de rentrer dans l’embouchure de l’Eems vers Delfzijl où on trouve un canal qui permet de rejoindre l’Isselmer et donc Amsterdam. L’Eems matérialise la frontière entre l’Allemagne et les Pays-Bas. Nous calculons bien notre heure de départ pour profiter du courant et remontons la rivière sous génois. Le cadre est très industriel, nous croisons une centrale électrique. Le chenal qui conduit à Delfzijk est bordé d’un côté d’une ligne d’éolienne et de l’autre d’usines chimiques. Au fond se trouve une marina et des écluses d’accès aux canaux

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Delfzijk est une ville sans grand cachet avec néanmoins des canaux qui lui donnent un caractère très néerlandais. Mauvaise nouvelle ! Le pont, sur lequel passe une autoroute juste avant d’arriver à Groningue, est en panne. Impossible de rejoindre cette ville où nous comptions nous arrêter, d’où un bus direct part pour l’aéroport d‘Amsterdam. Nous passons une soirée et une matinée avec l’aide d’un plaisancier néerlandais qui se trouve devant le même problème que nous à étudier la question sans y trouver de solution. Entre les grèves de train prévue dès lundi, l’arrêt du trafic sur le canal le dimanche, pas moyen de rejoindre Groningue à temps !

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Henri et Isabelle débarquent donc dimanche 28 août pour rejoindre Amsterdam en train et s’assurer de bien prendre leur vol de retour. Nous sommes bien tristes de les quitter si vite. Merci les amis de ces bons moments avec vous, trop courts, et d’avoir fait l’effort de venir nous voir malgré tout, ce n’est que partie remise !

Nous repartons l’après-midi même avec le courant et contre le vent, pour remonter les 25 milles de l’embouchure de l’Ems et nous re-arrêter à Borkum afin d’être proches de la sortie pour repartir par la mer vers l’Ouest…

Pays-Bas - Belgique

Nous regagnons la France assez rapidement en parcourant la Mer du Nord de la frontière allemande à Zeebrugge, avec une incartade à Bruges.


Après une tentative infructueuse de traverser les Pays-Bas par les canaux, nous avons décidé de repartir par la mer. Le 29 août nous repartons de Borkum cette fois-ci vers le Nord-Ouest puis l’Ouest par la mer du Nord. Un départ encore très matinal, marée oblige, il fait encore nuit quand nous larguons les amarres. Une belle navigation d’une douzaine d’heures avec un vent qui finit par devenir favorable nous amène sur l’île de Vlieland.

Les îles de la Frise néerlandaises sont restées plus sauvages qu’en Allemagne. La nature y est protégée, on n’y trouve pas de constructions démesurées mais des maisons traditionnelles et de petits ports dédiés à la plaisance et fréquentés par des dizaines de traditionnelles péniches hollandaises qu’ils ont su si bien préserver. Les ports de plaisances sont entièrement réservés aux bateaux de passages et vraisemblablement en service seulement l’été. La météo hivernale est rude par ici. Le port d’Oost-Vlieland est très vivant, les anciens bateaux embarquent des équipages très jeunes de stagiaires qui mettent de l’animation.


Le vent souffle encore de secteurs Est pendant quelques jours, nous souhaitons en profiter et regrettons de pas pouvoir nous y attarder. Les phoques sont aussi présents ici comme en atteste une pancarte indiquant qu’il est interdit de s’en approcher à moins de 30 mètres. Nous voyons effectivement en navigant des petites têtes noires qui sortent de l’eau par moment.

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Le lendemain nous repartons vers le Sud-Sud-Ouest cette fois. Nous empruntons le chenal de l’Oudeschilde qui permet de rejoindre Den Helder à la pointe Nord-Ouest des Pays-Bas en slalomant entre les bancs de sable. Le coin est très fréquenté surtout par des bateaux à faible tirant d’eau comme ces belles péniches anciennes qui nous accompagnent toutes voiles dehors pendant toute la journée, un vrai plaisir pour les yeux ! Tandis que les vieux gréements entrent au port de Texel, la dernière des îles de la Frise, nous continuons vers Den Helder. Ce port de commerce et militaire n’a pas un grand attrait, si ce n’est qu’il se situe juste à la sortie vers la mer du Nord et nous permettra de repartir directement vers le Sud. Nous y prenons une journée de repos, un vent frais souffle ce 31 août et nous en profitons pour faire un peu d ‘entretien et aller admirer le chenal bien écumant où naviguent encore de vieux gréments et où les navettes pour les iles n’arrêtent pas leur va et vient.

Le 1er septembre le vent s’est un peu calmé et nous repartons le long le côte néerlandaise. Il faut encore refouler un courant assez fort pour s’extraire du chenal, mais nous aurons bientôt un courant favorable qui nous permettra de parcourir les 60 milles qui nous séparent de Den Haag (La Haye en français) en une dizaine d’heures. Avant d’entrer dans le port nous longeons une énorme station balnéaire avec hôtels de luxe, casino, distractions en toutes sortes : grande roue, centre aquatique… Du genre que nous fuyons.


A Den Haag après avoir slalomé entre les différents bassins en respectant bien les signaux portuaires de ce grand port de commerce, nous nous amarrons à la marina de Scheveningen dans un milieu très urbanisé. Je ne peux pas trop marcher, car mon arthrose du genou me fait souffrir, nous nous contentons donc de nous offrir un repas dans un restaurant où l’on sert toutes sortes de mets de type tapas. L’accueil dans les marinas change des pays nordiques ou de l’Allemagne où il faut se débrouiller tout seul pour trouver une place ; pensant arriver tard, nous avions téléphoné et un employé du port nous attendait pour nous montrer une place avant de fermer boutique. C’est bien agréable.



Nous avions déjà visité en bateau les Pays-Bas par les canaux il y a 24 ans. Il faut avoir le temps, on n’est pas à l’abri d’un pont qui ne s’ouvre pas (nous en avons eu l’exemple), l’automne arrive, la météo future semble bien capricieuse et nous avons encore de la route à faire avant la Bretagne, donc nous ne nous attardons pas. Nous voulons profiter encore du vent favorable, la côte néerlandaise n’ayant pas un attrait folichon, nous repartons dès le lendemain vers la Belgique. Encore une grande étape par vent portant, un peu de gennaker et finalement du moteur car le vent nous abandonne. Nous arrivons à Zeebrugge dans la soirée et nous amarrons au ponton visiteurs bien identifié que l’employé de la marina nous a indiqué au téléphone. Si la côte néerlandaise ne brille pas pour sa beauté avec ses champs d’éoliennes, ses ports industriels, ses usines en bord de mer, la côte belge lui fait grande concurrence. On peut y ajouter les barres d’immeubles des station balnéaires comme décorations ! Heureusement l’accueil des Belges rattrape largement le peu d’attrait que peuvent avoir leurs côtes.

Nous décidons d’aller visiter Bruges qui se trouve à 30 minutes de Zeebrugge par le train. Arrivés à la gare nous louons des vélos pour soulager un peu mon genou. La visite de villes en vélos est plus rapide et superficielle qu’à pied, mais c’est bien suffisant vu la foule qu’il y avait ce samedi en ville. Bruges, la Venise du Nord, mérite bien son nom. Cette ville est charmante avec ses vieilles maisons, ses quartiers entiers préservés, ses églises et nombreux édifices religieux, son magnifique hôtel de ville. Les canaux sont certes bien moins étendus qu’à Venise, mais ils ont un charme particulier, qu’on doit bien mieux apprécier les jours de moins grande affluence. Notre visite a été rapide, mais nous sommes rentrés complètement saoulés par l’affluence, nous n’y sommes plus habitués !

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Retour en France

Du Nord jusqu'en Bretagne en passant par de belles escales normandes.



Nous repartons de Zeebrugge le 4 septembre dans la matinée pour pouvoir profiter de toute la durée du courant favorable. Nous devons attendre une vingtaine de minutes qu’un cargo gazier manœuvre avant d’avoir l’autorisation de quitter le port. Nous naviguons au début au moteur car le peu de vent qu’il y a est plein de face, le vent cède un peu au cours de la journée et nous finissons par arriver à Dunkerque à la voile. Nous nous amarrons à la Marina du Grand Large, aménagée dans un bassin tout au fond du port où un grand ponton visiteur nous accueille. Nous repartons dès le lendemain matin pour Boulogne tout au moteur, il n’y a pas de vent ! Que ce port est moche et sale ! C’est quand même attristant qu’il faille arriver en France pour trouver un port aussi sale ! Des fientes de mouettes sur les pontons, une eau huileuse noire pleine de détritus et malodorante ! C’est quand même la France qui a inventé la label Pavillon Bleu ! Nous ne nous attardons pas non plus à Boulogne, le port n’est vraiment pas engageant et j’ai trop mal au genou pour une découverte de la ville.

Le lendemain, c’est par une navigation assez fatigante que nous nous dirigeons vers Dieppe. Le vent est en plein de face, nous tentons de tirer des bords mais ce n’est pas concluant, nous n’avançons pas. Nous partons donc au moteur avec 15-20 nœuds de vent de face et un bon clapot qui nous secoue pas mal. Heureusement en cours de journée le vent tombe et nous arrivons à Dieppe sous un gros orage qui rince bien le bateau éclaboussé d’embruns.



A partir de Dieppe nous entrons dans la phase nostalgie, souvenirs. Dieppe était le point de chute de nos envies de grand air iodé lors de ma jeunesse parisienne. Nous faisions 1h et demie de route et pouvions respirer le bon air de la mer ! Nous restons trois jours à Dieppe. Nous avons la visite de la famille rouennaise en la personne de Patrick, mon presque frère. Dieppe s’est embellie par rapport à mes souvenirs. Les belles maisons bourgeoises qui datent de Louis XIV, du temps de l’enrichissement des villes portuaires grâce aux armateurs et au commerce avec les Indes, ont été restaurées et les vieux quartiers réhabilités. Nous arpentons avec plaisir les rues commerçantes, reprenons contact avec la culture française, dégustons des fruits de mer.


Le 10 septembre nous pouvons reprendre notre chemin après le passage d’un épisode bien venté qui nous a permis d’admirer La Manche déverser ses rouleaux sur la belle plage de Dieppe. Ce samedi il y a une manifestation de cerfs-volants sur la plage que nous pouvons admirer depuis la mer.

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Nous arrivons à Fécamp en fin d’après-midi à marée basse pour nous amarrer au ponton visiteur. Ce dernier est bien occupé par une multitude de semi-rigides qui participent à une manifestation de pêche. Notre neveu Damien et sa compagne Marine font un saut depuis Rouen pour diner avec nous. Quel plaisir !

Nous repartons dès le lendemain en direction de l’Ouest. Un petit vent de Sud-Est nous permet d’envoyer le gennaker une bonne partie de la traversée qui se termine au moteur faute de vent. Nous mouillons devant l’ile de Tatihou pour attendre l’ouverture des portes de Saint-Vaast-La-Hougue. Souvenirs, souvenirs ! Saint-Vaast fut notre port d’attache pendant 25 ans avec notre premier bateau. Quel plaisir de retrouver l’ambiance saint-vaastaise et nos amis de toujours qui nous attendent de pied ferme !

Nous passons deux jours avec Francette et Christian à évoquer le bon vieux temps, profiter de baignades à la Pointe de Saire, faire quelques courses, regarder passer le bateau à roulette qui amusait tant notre fils Guillaume, diner chez Marie et Alain au cœur du Cotentin, revoir Véronique et Philippe. Que ce coin est beau et plein d’une partie de notre vie ! Malheureusement nous ne pouvons pas nous attarder plus, un créneau se profile dans deux jours pour passer le Raz Blanchard dans de bonnes conditions.


Nous repartons donc le 14 septembre après-midi en direction de Cherbourg, une petite promenade en ville et nous reprenons notre route le lendemain à 13 heures en direction de l’Ouest. Nous avons un vent de Nord-Ouest qui nous oblige à remonter au moteur jusqu’à la Basse Breford au large d’Omonville. Là nous pouvons abattre et envoyer le génois pour une navigation plein Ouest, au près un moment, car il ne faut pas se faire entrainer trop vers le Sud par le courant très fort du Raz Blanchard. Nous sommes un peu secoués par les remous au Nord de la Hague, mais cela ne dure pas. Nous passons à l’Ouest de Guernesey et nous pouvons abattre un peu, vent de travers ; et la nuit tombe. Le début de la nuit est agité car le vent forcit un peu et nous devons prendre un ris vers minuit. Le vent mollit en cours de nuit et au lever du soleil les conditions sont bien agréables, malgré le froid.

Nous arrivons à l‘Aber Wrach en milieu de journée sous un beau soleil. Cette escale est encore l’occasion de joyeuses retrouvailles avec de vieux amis qui vivent maintenant dans la région. Nous passons une journée chez Janine et Michel qui nous amènent visiter la plage et le sémaphore de Brignogan, la chapelle Saint-Pol, le site de Meneham qui retrace la vie des pêcheurs, agriculteurs, goémoniers du début du siècle dernier. Nous dégustons un « fish and chips » maison chez Nicole et Serge et avons aussi le plaisir de voir leurs enfants Isabelle, Guillaume et Margot. De bien agréables moments !



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Nous quittons l’Aber Wrach le 19 septembre pour une navigation bien tranquille en cette période de petites marées et de petit temps pour rejoindre Camaret. Nous mouillons au fond de la baie à l’abri du vent d‘Est devant une jolie plage. Nous repartons dès le lendemain matin pour un longue étape moitié sous gennaker, moitié au moteur et arrivons assez tard à Lesconil. Le port est plein car le bureau étant fermé, c’est gratuit ! Je soupçonne certains d’en profiter car ce n’est habituellement pas aussi fréquenté à cette saison. Nous retrouvons Véronique et Yvon des navigateurs bretons que nous avions rencontrés aux Bermudes lors de notre premier voyage, avec lesquels nous avions sympathisé et étions restés en contact. Nous passons une agréable soirée avec eux en partage de souvenirs et d’expériences. Le lendemain matin, après un petit tour au marché de ce charmant petit port, nous repartons vers le Sud. Nous tirons des bords pendant deux heures, puis vaincus par le manque de vent rejoignons Port-Louis au moteur.

Une courte escale d’une nuit et c’est reparti pour une belle escale au moteur, faute de vent pour rejoindre La Vilaine. Nous remontons la rivière dans l’après-midi et retrouvons Muriel et Jean-Luc qui nous attendent de pied ferme à Arzal. Les installations d’attente sont bien encombrées car les éclusages sont restreints à cause de la sécheresse. Il faut descendre du ponton d’attente en annexe pour enfin trinquer avec nos amis. Nous passons l’écluse le vendredi 23 septembre à 11 heures et sommes accueillis par Isabelle et Henri qui ont rejoint nos amis pour une belle journée de retrouvailles. Merci les amis, de votre chaleureux accueil !

Merci au comité d'accueil !

Nous venons de boucler un beau voyage de 3125 milles dans le Nord de l’Europe. Les voyages se suivent mais ne se ressemblent pas, c’est ce qui en fait la richesse ! Une périple bien moins dépaysant que le premier, bien moins riche en rencontres du fait du climat qui n’incite pas à trainer dehors et probablement du caractère plus réservé des gens du Nord. C’est peut être ce point que nous regretterons le plus. Bien que nous ayons souffert du froid et de la pluie en Ecosse, nous avons tellement apprécié ses paysages magnifiques. Nous n’ayons pas poussé très au nord en Norvège et avons manqué de ce fait les fjords les plus spectaculaires, mais nous avons aimé cette côte très découpées avec ses îles à n’en plus finir, ses sites et maisons typiques. Le parcours de la mer Baltique au Danemark et en Allemagne permet une navigation pépère dans une ambiance tranquille après les conditions plus musclées plus au Nord. Les visites d’Oslo et de Copenhague nous ont vraiment emballés, ces villes sont très attrayantes.


Nous rentrons la tête encore pleine de souvenirs et de beaux paysages. Nous sommes heureux de retrouver famille et amis après ces cinq mois d’absence. Free Vikings, son problème d’arbre d’hélice résolu, rentre en bon état ; et son équipage, après quelques réparations, pourra bientôt repartir en pleine forme pour de nouvelles aventures.


Merci à tous les équipages pour leur présence chaleureuse et conviviale, et à tous nos lecteurs pour leurs encouragements .