Grenade

Dernière étape de l'hiver

Nous larguons les amarres le 19 mars à 23 heures de "Man O War Bay" à Tobago, la nuit est belle éclairée par la lune, le vent modéré ; la traversée s'annonce tranquille.

Nous envoyons la grand-voile, nous appuyons un peu au moteur pour nous dégager de l'abri de l'île et Philippe va se coucher, je prends le premier quart. Je peux bientôt envoyer le génois mais garde un peu le moteur pour charger les batteries et maintenir une allure confortable la mer étant très désordonnée. Je m'apprête à me caler dans un coin pour lire quand je me rends compte que le pilote fait n'importe quoi. En fait il ne fonctionne plus du tout. Je prends donc la barre et vais réveiller Philippe plus tôt que prévu, le pilotage demande une attention soutenue. Avec la mer dans tous les sens, après le coucher de la lune où la nuit très noire ne donne aucun repère, on doit se concentrer sur le compas ce qui est très fatigant. Heureusement avec le lever du jour le pilotage devient bien plus décontracté d'autant plus que le temps est clément. Ce coup-ci c'est le bocal du liquide du pilote hydraulique qui a tout bonnement explosé ; plastique trop vieux et/ou un coup pris dans le coffre où il est situé ? Une nouvelle pièce à changer, décidément nous commençons à avoir un bateau vétuste !

Après un joli bord de près pour remonter depuis le Sud de Grenade, nous arrivons à Saint-Georges vers 15 heures, le 20 avril. Nous sommes accueillis à la Marina de Port Louis où nous avions réservé une place. Nous avons juste le temps de nous présenter à la douane et à l'immigration pour faire nos formalités avant la fermeture des bureaux. Nous avons envie de passer quelques jours, à plat sans roulis, avec un peu plus de confort.

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De fait cette luxueuse marina offre tous les services possibles. S'y mélangent les voyageurs comme nous (mais plutôt avec de plus gros bateaux), une flotte de catamarans de location, des bateaux de pêche sportive et de luxueux yachts. C'est un des points d'escale des rallyes de l'Arc. De fait une réception est organisée ce soir-là au restaurant de la marina, réunissant des équipages principalement anglophones. Le site de la marina est très joli, il abrite de petites maisons créoles au milieu d'un petit jardin tropical qui logent : les sanitaires, les bureaux administratifs, un service de laverie, divers bureaux pour les fournisseurs de prestations.

Nous louons une voiture pour découvrir cette belle île. Le Sud de l'île est très touristique avec de belles plages, le Nord est plus sauvage et n’offre aucune installation touristique. C'est là que se trouve la vraie vie typiquement caraïbe. La végétation est luxuriante comme à Tobago, les routes étroites sont bordées de fougères d'un vert éclatant, le relief très tourmenté est typique des îles volcaniques. De nombreuses cascades et rivière descendent de la montagne. La moindre chute d'eau dans le Sud est exploitée pour attirer les touristes et leur faire cracher quelques dollars. Les stands d'artisanat local et de vendeurs d'épices sont installés autour ainsi que des amateurs musiciens qui glanent ainsi quelque monnaie. Au centre de l'île la forêt est une réserve protégée, un site proche du lac du cratère d'un volcan est aménagé avec un beau jardin, et finalement pas grand-chose à voir, mais il faut aussi s'acquitter de quelques dollars. Grenade a fêté le cinquantième anniversaire de son indépendance le 7 février dernier. A cette occasion les murets, certaines maisons, les bas de poteaux électriques et la moindre bordure de route ont été repeints aux couleurs du pays : rouge, jaune, vert ; et les rues sont décorées encore de banderoles de fanions tricolores.

Nous faisons le tour de l'île et c'est tout aussi compliqué qu'à Tobago pour se restaurer le midi. A Grenville nous trouvons une dame qui fait la cuisine et dispose d'une petite salle avec deux tables. Elle nous sert un bon repas typiquement local du poulet grillé avec du riz et des légumes tropicaux, des genre de racines proches de la pomme de terre (dont je n'ai pas retenu les noms). Notre arrêt à Gouyave le lendemain pour déjeuner n'est pas couronné de succès, nous irons jusqu'à Saint Georges déjeuner dans un fast food avec une musique assourdissante en bruit de fond. Nous visitons une petite chocolaterie artisanale à Diamond au Nord de l'île ; ils produisent du cacao et transforment leur production ; un agréable moment, avec dégustation ; ça change un peu du rhum et c'est tout aussi bon !

Saint Georges est une ville animée aux allures British avec ses maisons de briques rouge, son marché tropical, et ses stands de marchands de tout et de rien dans les rues proches du débarcadère des navires de croisière. De nombreuses églises anglicanes et les places fortes laissée par les anglais en sont les vestiges historiques, que nous ne visitons pas un peu lassés de voir toujours la même chose et de toute façon c'est fermé le weekend.

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Nous passons quatre jours à la marina à profiter un peu du confort, puis rejoignons le mouillage devant la belle plage de Grande Anse où nous profitons encore quelques jours de la baignade et des cocktails en regardant se coucher le soleil.

Le 28 mars nous nous rendons à Prickly Bay au Sud de Grenade. Au fond de la baie se trouve le chantier "Spice Island Marine" où nous avons réservé une place pour laisser le bateau cet été. Nous passons quelques jours à préparer le bateau : démontage des voiles, grand nettoyage, rangement. Une mise à sec de Free Vikings est programmée le 2 avril, et nous prendrons l'avion le lendemain pour un retour en France.


Nous avons parcouru 5700 milles depuis notre départ d'Arzal en octobre, visité trois continents, traversé une seconde fois l'Atlantique d'Est en Ouest. Nous avons eu notre dose de soleil, de mer, de bateau. Nous sommes très contents de rentrer chez nous et de retrouver nos proches. Free Vikings va nous attendre sagement environ 7 mois ici et nous allons nous occuper de lui refaire une santé, l'antifouling sera fait au chantier pendant notre absence, les pièces défectueuses commandées et à notre retour, nous réviserons et réparerons tous les problèmes que nous avons détecté.

Rendez-vous à l'automne pour de nouvelles aventures ! Merci à tous pour vos messages qui font chaud au cœur !